Dans ce foyer de la protection de l’enfance, un jeune récemment arrivé pose, malgré ses 10 ans, des difficultés aussi bien à l’équipe de jour, qu’à celle des surveillants de nuit, par son refus de toute obéissance. Ce soir-là, l’enfant refuse d’aller se coucher et détériore même du matériel pour montrer sa colère. Élodie, l’une de ses surveillantes, va constater avec stupéfaction, que la réponse d’une de ses collègues consistera à maîtriser au sol et à corriger à coups de poing ce gamin…

Josépha travaille pour un foyer, qui gère des logements de transition en diffus. Les familles sont donc disséminées en ville et sont accompagnées pour préparer leur accès à un logement pérenne. La grande difficulté pour chacun des éducateurs est d’avoir une file active d’une cinquantaine de familles : ce grand nombre de familles accompagnées ne soulèverait pas tant de difficultés, si les personnes étaient suffisamment autonomes pour entreprendre les démarches nécessaires pour aller vers un logement pérenne. Or Josépha estime les familles suffisamment autonomes à moins de 20%. Le reste des familles, ne serait-ce que par l’absence de maîtrise du français écrit et même parfois oral, ne peut pas entreprendre ces démarches seul. Et vu le nombre de famille suivie les éducatrices ne peuvent pas fournir l’accompagnement global nécessaire à l’acquisition de l’autonomie. De plus les besoins de ces familles ne peuvent pas être remontées institutionnellement par l’absence d’un CVS (Conseil de Vie Sociale), qui devrait permettre la rencontre des représentants des personnes accompagnées avec l’institution. Ce qui est pourtant un des éléments fondamentaux de la loi 2002 2. L’absence de CVS ne permets donc pas de faire l’état des difficultés des familles…

Dans ce foyer pour jeunes en situation de handicap, souffrant notamment d’autisme, Caroline constate au quotidien les pulsions sexuelles, qui animent ces jeunes et les portent à la découverte de leur corps ou de celui de l’autre, durant tous les temps de vie du foyer. Pas de lieu intime pour que les couples, même régulier du foyer, puissent exprimer leur sexualité…

Dans ces 3 situations, la hiérarchie a été alerté. Mais Elodie découvrira que sa collègue cogneuse ne subira aucune sanction. Josépha constatera avec amertume que la direction n’envisage aucunement l’intérêt du CV, qui pourtant permettrait de tenir compte dans les conclusions de ces réunions de l’écart entre le projet institutionnel, qui réclame des personnes autonomes, et la réalité des faits. La dissimulation est donc bien volontairement endosser par l’établissement. Quant à Caroline, elle suppose que la culture chrétienne, qui imprègne le Conseil d’administration et les cadres de direction est la raison principale, qui leur fait refuser la création d’une chambre intime pour l’expression de la sexualité des jeunes.

Que faire dans une institution, quand une maltraitance par violence ou négligence n’est pas traitée ? Ceux qui font le constat de cette impossibilité en interne de résoudre ce problème de maltraitance ont-ils épuisé pour autant toute possibilité de recours ? Le Collectif pour une Ethique en Travail Social entre en dialogue avec tous ces témoins qui le désireraient (personnes accompagnées elles-mêmes, familles ou professionnels), pour qu’ils ne se sentent pas abandonnés à l’impuissance et puissent élaborer dans un espace neutre et par l’échange des solutions.

La volonté du collectif vis-à-vis des témoins est d’écouter la situation qu’ils vivent et de leur présenter les différents leviers qui existent, pour qu’il puisse devenir des lanceurs d’alerte, tout en restant protégés.

Notre second document explique comment se déroule la rencontre entre nous et ces témoins.