Actuellement, seuls 70 % des accompagnants socio-éducatifs rémunérés sont d’authentiques travailleurs sociaux, détenteurs d’un des titres reconnus par le Code de l’Action Sociale et des Familles. Dans certains établissements situés dans des zones géographiquement peu attractives ou auprès de publics à la situation dite complexe, posant des difficultés à un mode d’accompagnement classique, ce taux chute encore plus drastiquement.
Cela sans compter sur 2 facteurs aggravants. Celui tout d’abord de la pyramide des âges dans le secteur de la Solidarité Instituée qui verra très bientôt l’essentiel de la cohorte des baby-boomers, devenus papy-boomers, basculer dans la retraite. Celui ensuite des diplômés de base (niveaux 5 et 4 : titres de niveau bac et infra-bac), qui exercent des attributions au-delà des compétences acquises par leur formation : est-ce que l’aide-soignant, formée au nursing, a été rendu suffisamment compétent pour exercer la fonction de référent d’une personne, afin de saisir sa problématique suffisamment dans sa globalité et suggérer la finalité et les modalités du Projet Personnalisé à lui proposer ?
Par analogie, que diraient les parents d’élèves de l’Education Nationale, si 30 % des enseignants du collège n’avaient suivi aucune formation pour enseigner les différentes matières de l’enseignement secondaire et que parmi les autres nombre n’aurait que le titre d’Accompagnant à la Vie Sociale (chargé de l’accompagnement individualisé des élèves en difficulté certes, mais nullement formé à s’adresser au groupe classe pour lui fournir une progression pédagogique) ? Or, nous nous adressons dans le secteur de l’Education Spécialisée à des personnes bien plus en difficultés que dans l’Education Nationale, souvent moins bien accompagnées par leur entourage familial, et pourtant la qualification des personnels est moindre !
Vignette : Dans une Maison d’Accueil Spécialisée, accueillant des adultes essentiellement polyhandicapés, une partie du personnel cumulait une absence de diplôme dans le secteur et une grande précarité, due notamment à une immigration trop récente, ce qui les détournait par trop de leur attention à leur fonction. Sur l’ensemble du personnel, seule l’unique éducatrice spécialisée connaissait l’usage du Makaton (des fiches dessinées) et de la signature sur le corps, pour communiquer avec les personnes dites non-verbales.
Pire, interviewés dans le cadre de l’évaluation interne, nombre des non-formés avaient une représentation des personnes polyhandicapées comme non-éducables. On se rappellera que ce combat pour faire reconnaître l’éducabilité des « débiles » fut celui notamment de Charcot. On est donc, durant ce premier quart du 21° siècle, revenu 150 ans en arrière !
Proposition 1 : professionnalisation de tous les accompagnants socio-éducatifs Obliger, à l’instar des entraîneurs sportifs, les accompagnants socio-éducatifs à être diplômés. La formulation contenue dans une nouvelle loi est simple à trouver : « Nul ne peut prétendre à l’accompagnement des personnes en situation de vulnérabilité contre rémunération, s’il n’est pas détenteur d’un des titres professionnels contenus dans le Code de l’Action Sociale et Familiale ». Une politique ambitieuse au service des personnes les plus démunies au sein de la société obligerait donc à cette qualification par le titre des accompagnants socio-éducatifs, quitte à laisser actuellement un délai de 5 ans pour que tous les manques puissent être couverts progressivement par la formation et l’embauche. Et à condition bien sûr que la Puissance Publique couvre financièrement ces besoins en formation… |