Présentation
Au départ
Ils sont là, David, Natacha, Nour et d’autres encore, agglutinés dans le bureau d’Eric leur formateur. Ils sont en dernière année d’études pour devenir travailleur social et font le bilan, hélas attristé, de ce qu’ils ont pu découvrir, notamment durant leur stage long. Ils constatent un écart bien trop grand entre ce qu’ils ont pu comprendre de l’intention générale d’une solidarité instituée au service des plus démunis et ce qu’ils ont pu observer dans la trivialité de son exercice en certains lieux.
Ils constatent des cas avérés de maltraitance, pour les épisodes les plus graves, ou sinon plus généralement une fonction de délaissement, qui ne permet que difficilement aux personnes accompagnées d’accéder à un parcours de vie suffisamment digne.
Où donc, dans certains établissements ou services ouverts du Travail Social, se situe l’éthique dans ce secteur, qui peut allier le meilleur comme le pire ? Dans des lieux parfois totalisants, qui sont souvent le principal, voire le seul espace de socialisation des personnes accueillis, comme dans le cas des foyers, ne risque-t-on pas, dans certains cas, faute de contre-pouvoir, de les voir devenir alors totalitaires ? Et que peut-on faire alors pour lutter contre cela ?
C’est donc un double constat, que dressent ces futurs professionnels :
Celui, d’une part, d’une maltraitance toujours possible, à cause d’un déficit de l’éthique en action dans l’accompagnement des personnes ;
mais aussi, d’autre part, celui d’une impossibilité en interne de pouvoir résoudre les problématiques observées, voire même l’existence d’une forme avérée d’omerta, venant empêcher d’en dresser seulement le constat.
Faut-il rester impuissant par rapport à ces éléments et se contenter de faire le plus honnêtement possible son seul travail personnel ? Ou au contraire rajouter à son implication au quotidien dans l’accompagnement des personnes une forme plus réflexive et plus militante dans un collectif, que préoccuperait la question d’une éthique bien mieux incarnée ?
Par la suite
L’idée du collectif est donc née de là, autour de ce petit groupe de travailleurs sociaux et de leur formateur. Se sont agrégées au fil des années d’autres personnes : une seconde Natacha, psychologue, Fayçal, un juriste, Frédéric, un président d’associations, qui a pu mettre à disposition du collectif un local, une cheffe de service, d’autres travailleurs sociaux…
Pendant plus d’une décennie se sont donc mis en place :
un accompagnement des lanceurs d’alerte ;
une participation à des comités d’éthique ;
des formations en prévention de la maltraitance ;
des cafés-philo spécifiques appelés cafés du care ;
une action de promotion de l’ombudsman, une forme nouvelle de médiateur inspirée de celle existante dans les pays scandinaves ;
une proposition alternative sur l’accompagnement en Protection de l’Enfance des jeunes victimes de situations complexes, baptisés parfois de manière si stigmatisante du nom d’incasables ;
la parution d’un livre de témoignages et de réflexion ;
etc…
Voir le contenu détaillé de ces actions dans les rubriques « éthique en action » et « communication ».
Se rajoutent aux actions proprement dites, tout un positionnement et toute une réflexion nés de la multiplicité de nos échanges sur les questions d’éthique et d’environnement institutionnel du Travail Social, que l’on peut retrouver dans la rubrique « réflexion »
Bien sûr tout cela ne se fit absolument pas dans la facilité. Il y eut certes et heureusement des réussites, mais comme toute association non subventionnée reposant uniquement sur le bénévolat de ses membres, le collectif pour une éthique en travail social a subi des hauts et des bas au fil des ans : des militants ont pu s’engager pendant un certain nombre d’années, mais partir ensuite vers d’autres préoccupations ; ou encore la période du COVID ayant restreint terriblement nos possibilités d’action, il a fallu redémarrer celles-ci à l’issue et ce fut moins aisé…
Mais, quoi qu’il en soit des aléas, une dynamique avait été lancée et il reste toujours au cœur des femmes et des hommes de bonne volonté l’idée, que la dimension éthique en Travail Social peut toujours se développer, afin de redonner au bénéficiaire de l’action sociale une dignité et le rétablissement dans un projet de vie suffisamment émancipateur.
Définition
Pour résumer ce qu’est finalement le collectif pour une éthique en travail social, nous pouvons en quelques lignes le définir ainsi :
« Le Collectif pour une Ethique en Travail Social est une association militante non gestionnaire d’établissement. Son but est de lutter pour la dignité et la reconnaissance des personnes en situation de vulnérabilité. »
Notre slogan est de :
« lutter contre la maltraitance et promouvoir la bientraitance »
Géographiquement, notre siège est implanté dans le 15e à Paris et nous avons vocation à intervenir dans toute l’Ile-de-France. Nous sommes néanmoins totalement disponibles pour dialoguer avec toute personne désireuse d’échanger avec nous, que ce soit en métropole ou outre-mer.
Le site
Ce site a complètement été remanié en 2024 et devra s’étoffer au fur et à mesure, pour venir offrir un premier espace d’échanges et de réflexion sur cette éthique en Travail Social, qui reste encore tant à être développée pour se mettre entièrement service des personnes accompagnées.
Nous souhaitons être utiles essentiellement aux personnes bénéficiaires, à leur famille ou à leurs accompagnateurs, qu’ils soient professionnels ou non, à tous ceux et celles qui se retrouvent en pleine interrogation sur la qualité de l’accompagnement offert à une personne en situation de vulnérabilité. Pour cela :
Notre rubrique « Réflexion » doit permettre de mettre des mots, sur ce qu’est l’éthique et sur ce que doit comporter, pour pouvoir instaurer une telle dimension, l’accompagnement socio-éducatif proposé. Souvent ceux qui constatent une situation défaillante en Travail Social passe par une phase de sidération : face à leurs interrogations immédiates leur est répondu que « c’est normal », « c’est comme ça », ou encore « comment voulez-vous qu’on fasse mieux avec ce dont on dispose : (au choix) la baisse des financements, le manque d’implication des travailleurs sociaux, la motivation de s’en sortir des personnes elles-mêmes »… ? » Face à cette justification des mauvaises pratiques et à la banalisation de l’impuissance, il faut pouvoir donner de véritables repères sur ce qui est juste et la manière de l’instaurer.
Nos différentes actions présentées dans les rubriques « Ethique en action » et « Communication » doivent pouvoir donner une idée aux personnes désireuses d’une intervention possible de la part de notre Collectif, que ce soit pour améliorer, soit la situation individuelle d’une personne accompagnée, soit des situations institutionnelles défaillantes au sein des établissements ou services.
A ce titre, non seulement le site doit pouvoir fournir des informations, mais il peut être le vecteur par lequel communiquer avec nous grâce à la fonction « Contact ». Tout message qui y sera posté fera l’objet d’une réponse de notre part.