Claire Trvdy association Le Village

Présentation des intervenantes

Claire Truvdy

Merci de nous accueillir ce soir, on est ravies de vous rejoindre ici, pour notre premier Café du Care.

Moi, je suis Claire Truvdy et avant tout habitante du quartier Brancion-Bartholomé depuis 6 ans maintenant. Je suis également parent de 2 jeunes enfants, c’est pour cela que ce sujet m’intéresse. Cela m’a amenée à me poser énormément de questions sur ce que cela implique mais ce sujet m’animait auparavant puisque je travaille dans le secteur social depuis toujours. Comme animatrice les centres sociaux et, notamment, référente famille et directrice adjointe de centre social ce qui m’a amenée à me former un peu même avant d’être parent sur ces sujets de la parentalité. Puis j’ai fait un passage à la CAF de Paris où les politiques, en terme de parentalité et d’accompagnement des familles, m’ont suivies aussi pendant ces années‑là. Je suis accompagnée pour ce débat par Amaryllis. Il y a maintenant un peu plus de trois ans, on a commencé à réfléchir avec Amaryllis et Johanna, une autre habitante du quartier, sur les enjeux qu’on partageait en tant que parents, dans ce quartier-là , un quartier pas comme les autres, spécial, qui a la particularité d’avoir des enjeux spécifiques dans la mesure où on est dans le 15è arrondissement, plutôt réputé pour accueillir de nombreuses familles souvent des familles traditionnelles. Notre quartier est composé de familles un peu marginalisées qui rencontrent des problématiques de précarité plus grandes que de l’autre côté du Boulevard , notamment à partir du parc Brassens où se trouvent des familles plus aisées. Alors que nous, dans le quartier, on a énormément de familles qui cumulent un certains nombre de difficultés qu’elles soient financières ou au niveau du travail, au niveau de l’isolement. Le quartier Politique de la ville est entre la ligne du tramway et le périphérique. Le quartier est composés habitations qui sont à 98% du logement social en plus ou moins bon état et du logement plus ou moins grand. On a Enormément de familles du quartier vivent dans de tout petits logements et sont nombreux dedans et qu’on sait à quel point il est difficile de changer de logement quand on est dans le logement social. De nombreuses familles sont dans un 2 pièces à 4, 5, 6, 7, 8.

Amaryllis  : Avec Claire et Johanna, qui n’est pas présente aujourd’hui, nous avons créé une association «Le village ». Une association autour de la parentalité. Tout ce qu’on fait aujourd’hui est en rapport au fait qu’on trouve que nos enfants ont le droit à tout ce à quoi les autres enfants de l’autre côté de la rue ont droit. C’est à dire : la culture, l’éducation, les voyages, les musées, tout.

Evolution des formes de parentalité

Je vous propose un focus arrière, on ne va pas parler spécialement de l’association mais plutôt des grands enjeux de la parentalité aujourd’hui, qu’on expérimente dans notre quotidien soit de parents soit de membres de cette association qu’on anime.

Je veux partir d’abord d’un constat des évolutions des formes de parentalité depuis 30 ans. En effet il y a 30 ans, on était sur un modèle traditionnel de famille : maman, papa, enfant. C’était le modèle dominant. Aujourd’hui, on n’est plus sur un modèle dominant, on est sur plein de modèles. Cela apporte à la fois sa richesse, cela permet d’être reconnu en tant que tel, les familles homoparentales, les familles monoparentales représentent 1 famille sur 4 en France aujourd’hui, et dans notre quartier, 1 famille sur 3. Forcément quand c’est 1 famille sur 3, 1 famille sur 4, on doit prendre en compte les spécificités de ces familles de la même façon qu’on prend en compte les spécificités d’une famille traditionnelle. Une pluralité de configurations est apparue depuis quelques années : ajoutons les familles recomposées aussi qui sont une autre forme de famille qui implique qu’on n ‘a pas 2 parents mais peut-être 3 ou 4 parents. Suivant les remariages, on a des demi-frères, demi-sœurs, des gardes alternées. On a plein de modes de vie différents. Les familles homoparentales , avec, ces 30 dernières années, le mariage pour tous. La PMA pour les couples du même sexe est davantage reconnue mais il y a encore plein de choses qui doivent encore évoluer pour faciliter la vie de ces familles aujourd’hui. Les familles coparentales : des familles qui décident de faire des enfants ensemble sans être en couple, des familles avec des enfants issus de la PMA en solo ou l’adoption. Plein de formes de familles qui pouvaient exister il y a 30 ans, à la marge, mais qui aujourd’hui ont davantage de poids. Cela implique que ça change les repères. Dans ces familles là : qui élève les enfants ? comment on les élève ? Comment on partage les rôles ? qui soutient qui ? On constate une évolution des rôles parentaux et des rapports de genre. Le modèle du père pourvoyeur qui devait assurer la sécurité financière de sa famille et la figure d’autorité et la mère éducatrice est encours d’effacement… et cuisinière, et ménagère, voilà. Aujourd’hui on a du coup des hommes qui s’impliquent davantage dans la vie quotidienne. Mais on a quand même une charge mentale et une organisation domestique qui restent largement gérées par les femmes. Et avec un biais aujourd’hui que les femmes travaillent beaucoup plus qu’il y a, on ne va pas dire 30 ans, mais peut-être 50 ans. Elles travaillent beaucoup et en revanche leur temps passé aux taches domestiques et parentales est le même, voire plus grand qu’avant, parce qu’on a de plus en plus d’injonctions, dont je vais parler ensuite, en tant que parent à être sur tous les fronts en même temps pour nos enfants. La parentalité devient un terrain de négociations, parfois de tensions, au sein du couple parfois cela permet de redéfinir le couple mais c’est parfois un jeu de boites dans les boites, dans les boites, d’être parent aujourd’hui. Et puis, un autre enjeu important, cette question de l’individualisation et de l’isolement social dont je parlais toute à l’heure. En effet en tant que parent, on pourrait s’imaginer qu’à partir du moment où on a des enfants, on va être de fait lié naturellement avec l’ensemble des parents qui nous entoure, entouré d’une grande famille etc. Aujourd’hui c’est beaucoup moins le cas qu’avant, c’est à dire que la mobilité géographique fait que de nombreux parents, finalement, n’habitent plus à proximité de leur propre famille. Auparavant on avait vraiment le village autour des familles. On parlait d‘alloparentalité,

Il y a aussi des monoparentalités de fait. C’est à dire des couples qui se sont séparés mais ça arrange l’un des 2 de rester en couple marié dans le quartier. Nous, je peux vous le dire, c’est que nos statistiques, elles sont parlantes : on accompagne 170 familles, on a 60% de familles monoparentales juridiquement reconnues ou de fait. 60% c’est énorme. Parce qu’en fait on a cette question, prégnante, parce que ça veut dire que, c’est, par exemple, ce parent qui est monoparental de fait, il ne bénéficie pas de ses aides de la CAF. Il ne bénéficie de rien. Il bénéficie de tous les désavantages de sa condition parce qu’en plus, il n’y a personne qui l’aide à remplir le frigo à la fin du mois. Il n’y a personne qui l’aide dans l’éducation des enfants, il n’y a personne qui l’aide. En fait, et ça, pour le coup on constate que le non‑recours aux aides est beaucoup plus important que la fraude sociale. En fait, ce que ça soulève c’est qu’en effet, la société est faite sur cette norme de la famille traditionnelle comme on l’entendait auparavant et que ça n’évolue pas suffisamment vite, notamment dans l’accompagnement des familles sur comment on accompagne les différentes formes de famille. J’entendais un témoignage, il y a 2 jours sur une famille aussi, qui avait eu recours à un couple lesbien qui avait eu recours à la PSA pour payer des documents pour pouvoir être tous les 2 coparents. Enfin voilà, comment en fait finalement on est obligé de batailler davantage quand on sort un tout petit peu de la norme établie.

Il faut tout un village pour éduquer un enfant

« Le village » c’est pas anodin, c’est parce que on a cet adage qui dit : on a besoin de tout un village pour éduquer un enfant. Notre adage à nous c’est de dire : il faut tout un village pour soutenir les parents. Parce que finalement quand on est parent on se retrouve parfois en situation d’isolement. L’idée est de créer une communauté de parents via le village où l’on s’entraide, où l’on va pouvoir partager des exemples d’entraide qui ont émané de cette dynamique. Aujourd’hui à peu près 170 familles qui font partie de notre village.

le principe d’élever collectivement un enfant, d’être soutenu de cette façon. Là, on a vraiment un éclatement des familles élargi, on a l’urbanisation qui a éloigné les réseaux de soutien traditionnel, les grands-parents, les voisins, le village qui pouvait être un grand soutien pour les parents. C’est un vrai constat duquel on est parti pour créer l’association, on avait énormément de parents qui n’avaient absolument aucun relais à moins de 4 heures de route. Les relais, c’est devenu nous, Le village. Quand on a une course à faire, garder un enfant quand il y a grève, ce genre de choses. Cela implique que les parents aujourd’hui élèvent leurs enfants à 2, ou voire tout seuls et ils n’ont pas de répondant et ils n’ ont pas forcément de parents avec qui discuter sur les problématiques du quotidien qu’ils peuvent rencontrer avec leurs enfants. Ce que ça relève et que nous avons identifié nous-mêmes, avec notre expertise de parents qui étions aussi isolés de fait, c’est qu’il y a une vraie nécessité, un vrai besoin, de créer, de recréer, des communautés parentales, sous d’autres formes qui peuvent l’être virtuellement, il y a énormément de groupes Facebook, de groupes Whatsapp, d’entraide entre parents, des associations, des cafés des parents, des lieux qui permettent de se retrouver, de déposer, de recevoir sur ces sujets là. On a également du coup des transformations économiques au sein des familles, je parlais du fait que les femmes travaillent de plus en plus. On a en effet, une augmentation du temps de travail effectif, une intensification du temps de travail professionnel, mais aussi pour les femmes surtout une multiplication des contrats précaires ou à temps partiel. On a, à la fois des femmes qui travaillent plus d’un côté, et on a, aussi, des femmes qui ont parfois des difficultés à trouver un travail à temps plein parce que ça ne colle pas avec l’emploi du temps familial où on doit aller chercher les enfants avant telle heure. À Paris, typiquement, pour les enfants à partir de l’âge primaire, c’est 18 h. si on a une heure de transport ça veut dire qu’on quitte le travail à 17 h, et le matin c’est pareil, on doit les déposer à 8 h 30, si j’arrive à 9 h 30 au boulot je ne fais pas mes 35 h par semaine sur ces horaires là. La question du télé-travail, est une question plus récente, qui a beaucoup émergé pendant la crise sanitaire. C’est très bien le télé-travail mais c’est aussi un vrai piège pour les parents parce que télé-travail veut dire : mon enfant est malade, je peux le garder, mais est-ce que je télé-travaille correctement quand il est malade par exemple et que je dois m’occuper de lui ? Est-ce que, entre deux réunions, je vais aller mettre une machine à laver en route et puis entre une autre réunion et la suivante je vais aller étendre la machine ? Et je vais aller faire les courses entre midi et 14 h ? Cela brouille complètement les frontières entre travail et vie perso, familiale. Ce que ça implique, c’est que de nombreux parents ont l’impression d’être pleinement investis nulle part. Pas au travail, parce qu’ils peuvent être dérangés par l’école qui appelle parce que l’enfant est malade, parce que avant il n’y avait pas de téléphone portable, ça c’est beaucoup facilité, avec cette omniprésence de nos petits appareils, qui fait que je peux aussi recevoir des mails, je peux décider de couper mes notifications mais je peux avoir accès finalement à ma vie professionnelle à tout moment du jour, de la nuit, des vacances etc. Et ça vient empiéter sur la vie familiale.

Déséquilibre vie professionnelle vie famiiale

Le déséquilibre entre vie familiale et vie professionnelle est aussi induit par des politiques publiques qui sont largement encore insuffisantes. Le congé second parent, le parent qui n’a pas accouché, le coparent, passé de 11 jours à 28 jours en 2023 permet une petite progression. C’est bien mais c’est c’et insuffisant pour démarrer dans la parentalité à 2. Et au moment où la femme va reprendre son travail, elle va se retrouver à faire toujours la même chose à la maison et en plus de ça à faire ses 35, ou 39, ou 40 heures de travail. S’ajoute un vrai manque de places en crèche, et de moyens de garde pour les enfants : 50% seulement des demandes de place en crèche et en assistantes maternelles, micro crèches et tous les modes de garde possibles, qui sont satisfaites. 50 % des enfants en France sont gardés soit par leurs parents, en premier lieu la maman, soit par leurs grands-parents, soit par quelqu’un d’autre de la famille. L’injonction à dire il faut qu’on travaille, se heurte au manque de solutions. S’ajoutent les coûts des modes de gardes. Je parle beaucoup des femmes mais c’est valable aussi pour les hommes sur certains sujets.

Finalement émerge un stress structurel, une vraie culpabilité parentale et le sentiment de ne jamais en faire assez. J’arrive pas à en faire assez dans mon travail, j’arrive pas à en faire assez à la maison, j’arrive pas à être pleinement présent. Les inégalités sociales et territoriales des conditions de parentalité varient en fonction du niveau de vie parce que si en effet si je peux payer quelqu’un pour m’aider dans une partie de mes taches domestiques ou parentales c’est à dire une nounou ou une aide ménagère, j’ai peut-être plus de temps à passer avec mes enfants, plus de temps pour développer ma carrière.

Aujourd’hui, plein de types de familles se côtoient et notre société s’est construite sur une norme qui est celle de la famille traditionnelle. Typiquement quand vous regardez les aides de la CAF ont été construites sur le modèle de cette famille traditionnelle à un papa, une maman, des enfants, mariés. Voilà, la CAF n’est pas une institution si ancienne parce qu’elle date d’après la 2nde Guerre mondiale et, typiquement, je vais vous donner un exemple concret : quand on se sépare à la CAF alors depuis quelques années il y a un système qui a été mis en place qui s’appelle le data mining, c’est un système qui permet d’identifier les foyers à risque de fraude, et qui est un système comme un algorithme, en fait, qui va détecter les fraudes chez les foyers et qui va déclencher un contrôle. Aujourd’hui, il y a un collectif qui a recensé que les familles monoparentales étaient 4 fois plus sujettes au contrôle que les autres foyers. On parle de femmes qui sont 20% à tomber sous le seuil de pauvreté au moment d’une séparation.

Ecole Privée ou publique évolution des pratiques

L »accès aux Services publics et à l’Éducation engendre également des inégalités, notamment dans le 15è arrondissement où énormément d’enfants qui sont scolarisés dans le privé ( 33% des maternelles et primaire et 55% des collèges). Et Le Village lutte de jour en jour. On va au parc des fois et on va parler avec des parents de façon anodine et quand ils nous disent : « Ha ! Non, mais moi petite section je vais le mettre dans le privé mon enfant ». Il y a des stratégies dès la petite section pour mettre les enfants dans le privé parce qu’on estime que sinon on n’aura pas de place au CP, puis au collège et puis de toutes façons, c’est impensable l’école publique, parce que notre enfant ne va pas être suffisamment brillant du coup s’il n’est pas dans le privé. C’est un vrai sujet d’aujourd’hui : donner les éléments aux parents pour que ce ne soit pas vraiment un choix parce que normalement ça ne devrait pas être un choix, l’école publique devrait s’imposer. Mais on essaye de minimiser ces stratégies d’évitement de l’école publique systématique qui fait que du coup on n’a plus de mixité. Ce qui est le cas de notre quartier, on n’a plus de mixité. À l’école maternelle il y a peu de mixité mais dès l’école primaire c’est la catastrophe : moins de filles que de garçons parce que les parents ont peur pour leurs filles, en primaire, on parle d’enfants de 6 ans.

L’emprise du numérique : des « enfants de l’intérieur »

Tous les petits outils, tablettes, téléphones et écrans ont opéré une transformation numérique qui qui a énormément d’effet sur la parentalité aujourd’hui. Cela devient un monstre à mille têtes que les parents doivent tenter de maîtriser, tout en faisant en sorte que leurs enfants sachent les maîtriser correctement et que eux-mêmes ne soient pas complètement dépendants de ces outils. Premier sujet : internet et les réseaux sociaux nouvelles sources de normes de de pressions, au niveau des parents en eux-mêmes on a une explosion sur les réseaux sociaux de contenus sur la parentalité positive, consciente, naturelle, on a les super mamans, les super papas, qui vont se mettre en scène sur les réseaux sociaux, en disant regardez-moi comment je m’occupe de mon enfant, comme je suis génial et en fait ça fait culpabiliser énormément les parents qui se disent : «vraiment, moi, je suis un parent pourri», «je ne suis pas à la hauteur». Cela fait des vitrines idéalisées de la parentalité loin de la réalité de ces parents. Cela crée de la comparaison, de la culpabilité. L’aspect positif : cela offre des espaces de soutien, d’information et de déculpabilisation entre pères. Amon exemple personnel, aant d’avoir crée Le village j’avais un enfant de 2 ans et j’étais enceinte de la deuxième j’étais toute seule, mon ex-conjoint était à l’étranger pendant de longs mois et en fait, j’étais toute seule, je ne connaissais personne dans ce quartier et j’ai trouvé des personnes en ligne avec qui échanger, s’entraider. Ce sont des espaces où on peut éventuellement s’entraider. Vis à vis de l’enfant numérique, on parle aussi de l’enfant d’intérieur aujourd’hui.

Les écrans ont pris une telle place dans nos vies ainsi que la peur de l’extérieur qu’on a des enfants qui ne sortent plus. Des enfants d’intérieur comme un animal de compagnie d’intérieur c’est pas un animal de l’extérieur. Ca demande aujourd’hui aux parents un vrai apprentissage, un vraie familiarisation avec les différents contenus auxquels ils peuvent être exposés. Il y a certains types de dessins animés qu’il ne faut pas montrer à des enfants de moins de 6 ans parce que les images sont trop rapides et que ça a de vrais impacts neurologiques. Si on ne l’a pas appris, on ne le sais pas. Des échanges ont lieu avec les équipes pédagogiques des écoles Brancion primaires et maternelles, Ils montrent une augmentation du nombre d’enfants avec des troubles de l’attention ou un retard du développement du langage.

Le temps de sommeil est altéré: il faut aussi savoir arrêter à une certaine heure. La question du harcèlement en ligne, la question des contenus pédopornographiques : on a 70% des enfants de 13 ans qui ont déjà envoyé une photo d’eux-mêmes à caractère sexuel. C’est énorme : 45% des enfants, des garçons de 11 ans ont déjà vu un contenu à caractère pornographique ;

Cette parentalité numérique implique de nouveaux rythmes familiaux, le numérique brouille les limites. Le parent est joignable en permanence, par tout le monde, par son travail et aussi par l’école, tout le monde. Et une surcharge cognitive finalement. C’est un vrai travail d’apprendre à gérer le temps, d’apprivoiser son téléphone et de dire : « , non ». Enfin, c’est qu’on est surchargé par tout ça et que du coup on passe beaucoup moins de temps sur du temps de qualité, du temps de jeu de partage avec nos enfants. En revanche, les outils numériques facilitent tout de même la coordination parentale parce qu’on a notamment des groupes de parents à l’école où on voit, on est dans 15.000 groupes mais voilà pour se coordonner entre parents, on a aussi, du coup, des applications qui permettent de gérer des plannings, quand on est de parents séparés, par exemple, on a des applications qui nous permettent de faire nos courses facilement et qui nous ont dit : «  moi j’aime bien ça, ça, ça et puis il me fait les courses et il commande et puis on on reçoit la livraison le lendemain ». Enfin ce sont des choses assez magiques pour le ménage c’est la même chose. Enfin voilà il y a ça, des outils qui sont utiles mais encore faut-il, en effet, bien les utiliser,

Anxiété écologique

La crise écologique suscite une anxiété parentale. Alors pas chez tout le monde, il y en a qui sont un peu climato-sceptiques et qui ne sont pas trop touchés par ce sujet-là mais en fait quand on est parent, on est quand même conscient qu’on a donné naissance à nos enfants dans un monde où, un contexte de crise climatique, de crise géopolitique, de monde incertain, de montée des extrêmes, de montée de la violence, globalement, même si on sait que, à chaque phase de progrès, il y a toujours un recul et, moi, j’ose espérer qu’on est dans une phase de recul puis qu’on va recontinuer sur la phase du progrès et on a de plus en plus de parents qui expriment une vraie éco-anxiété parentale, une peur du futur pour leurs enfants. D’ailleurs on a de plus en plus de personnes qui décident de ne pas avoir d’enfant. Je pense que c’est assez partagé par pas mal de parents. Et forcément, ça crée encore une fois ce sentiment de culpabilité de transmettre un monde qu’on a contribué à abîmer même si on essaye, je pense que, en devenant parents, on devient conscient d’enjeux, notamment tout ce qui est – Moi je sais que lors de ma première grossesse j’avais participé à un atelier sur tout ce qui est les polluants du quotidien – typiquement les produits qu’on va utiliser les produits ménagers, les plastiques, les tupperwares tout ça. .

En conclusion

Les nouvelles aspirations des parents, en lien justement avec cette préoccupation écologique dessine une montée des valeurs de sobriété, d’autonomie, un retour du lien à la nature et puis une montée des modes d’éducation alternatives, l’instruction en famille, les écoles Montessori avec des pédagogies alternatives qui ne sont pas toujours les plus adaptées et les mieux ficelées. Quand c’est un bon business modèle fait pour faire de l’argent, ce n’est pas toujours le plus adapté et et du coup des parents qui cherchent aussi à revaloriser le temps et le lien, justement avec toutes ces injonctions que je vous ai partagé en faisant le tri, en me disant : «Non, je ne priorise plus ces aspects-là de la parentalité, je priorise vraiment le temps de qualité avec mon enfant » et ça demande un vrai travail, un vrai courage. Je vais finir là-dessus : aujourd’hui on a vraiment besoin de repenser finalement la place des parents avec tous ces bouleversements qui sont intervenus dans nos sociétés. On a besoin de repenser la place des parents, de créer toujours plus, une parentalité plus collective, plus solidaire, repenser l’alloparentalité cette question de village, un peu autour des enfants et autour des parents en soutien aux parents aussi. Est-ce qu’on ne parle pas non plus des dépressions, du post-partum, des difficultés très grandes que peuvent rencontrer les parents dans les premiers mois de vie et premières années aussi. De repenser, au sein de la société, la place des parents dans l’accompagnement à la parentalité que ce soit les entreprises d’ailleurs il y a beaucoup d’entreprises qui subissent de vraies crises parce qu’elles voient tous leurs salariés partir, parce qu’il n’y a pas de politique de parentalité aujourd’hui. C’est une vraie demande de la part des salariés, notamment dans le privé, d’avoir des avantages et de vrais engagements pour faciliter ma parentalité plutôt que d’avoir un salaire plus important, une prime.

Il y a un vrai enjeu à ce qu’on prenne en compte les problématiques que rencontrent toutes les formes de familles et qu’on n’adapte du coup à la fois, la loi mais aussi l’école, les services publics, les entreprises et cetera.

Les éclairages de Claire Trvdy sur les questions de la salle ont été intégrés dans le texte d’introduction

Transcription Frédéric Brun et Isabelle Rodrigue.