L’éthique dans les services à la personnes
Discussion au sein du CETS le 3 novembres 2025
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De quoi on parle ?
Tout d’abord nous parlons de personnes vulnérables.
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Rappel de l’éthique
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Paul Ricoeur : » Une visée de vie bonne, avec et pour les autres, dans des institutions justes »
Dire soi n’est pas dire moi. Soi implique l’autre que soi.
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Différence avec déontologie : Les principes déontologiques et éthiques sont souvent rapprochés dans les textes (art 311-2 du code de l’action sociale et des familles). Cependant l’éthique relève d’un questionnement relatif à l’attitude à tenir dans certaines situations concrètes où plusieurs valeurs/principes entreraient en conflit. Les principes déontologiques correspondent davantage à des devoirs qui s’imposent aux professionnels en référence à un code de déontologie s’adressant à une ou plusieurs catégories professionnelles. La Déontologie répond plus au sens du travail social l’éthique aux valeurs qui guident le travail social .
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Les sources d’inspiration de l’Ethique dans le service à la personne
Inspirées par trois sources :
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Une Ethique personnelle : celle qui nous guide dans le choix d’un métier de l’humain , empathie, dévouement, attention à l’autre ; Elle rejoint celle qu’on nomme éthique de la conviction.
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Une Ethique du travail social que nous abordons ce soir. Elle rejoint celle qu’on nomme éthique de la responsabilité.
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Une éthique spécifique au services à la personne ; elle rejoint celle de que l’on nomme Ethique de l’autonomie
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J’ajouterais une quatrième source d’inspiration qui est la critique de l’Ethique par les alternatifs (« le faux nez de l’éthique » comme dit Michel Chauvière)
Il nous faut naviguer entre ces quatre sources mais pour bien naviguer il faut les analyser une par une. Pour ma part je m’attacherais à celle du service à la personne. Je n’aborderais pas la question du faux nez de l’Ethique car je ne partage pas la défiance a priori du concept et je préfère que nous nous laissions porter.
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L’éthique dans les Service à domicile et personnes âgées
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Très encadrée par ces notions au niveau des agréments
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Très peu de formation des intervenants
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Très peu de comités d’éthique dans les milliers de SAAD ; un peu plus dans les EPHAD. C’est le CA qui tient lieu de surveillant éthique autant dire que c’est très faible.
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Peu d’outils
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La question du temps disponible pour échanger
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Les parcours de vie permettent une meilleure relation à l’autre s’ils ne se réduisent pas à des parcours de santé.
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Pas de prise en compte salarial suffisante du « temps de l’éthique »
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Les grands principes
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Humanité, dignité citoyenneté et respect des potentialités
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Droits effectifs : accès aux droits et aides.
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Ecoute de la personne
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Autonomie : accompagner de façon globale et individualisée pour son autonomie. Loi de 2002
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Lutter contre l’isolement et pour le lien social
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Respect du choix de vie : chez soi domicile ou Ephad ou résidence ou Habitat Inclusif (nouveau concept plus innovant complémentaire à ne pas opposer à Établissement médico social)
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Coopération avec l’environnement familial et proche. Intégrer l’aidant et éviter son épuisement. Le former. (cf journée nationale des aidants)
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Maltraitance : (cf définition européenne, commission nationale de lutte contre la maltraitance, etc.)
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Respecter et soutien aux professionnels. Qualité de vie au travail, journée nationale des aides à domicile. Evolution salariale
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Quelques notions
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Respecter les opinions, les valeurs et croyances du client,
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Respecter l’intimité du client,
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Respecter le mode de vie et les habitudes du client,
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Respecter les biens du client,
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Ne pas accepter de dons, cadeaux, procurations de la part du client,
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Être à l’écoute des demandes du client,
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Ne pas prendre d ‘initiative relative à la prestation sans autorisation du client ou de son entourage,
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Respecter la confidentialité des informations concernant chaque client et son entourage,
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Faire preuve de la nécessaire discrétion à domicile (cf Georges Simmel et le savoir des uns sur les autres. « s’abstenir de tout connaître de l’autre.) « La juste distance l’eumétrie est une forme de socialisation ». (Michel Chauvière)
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Les réponses institutionnelles :
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De plus en plus présente dans les agréments les certifications, les procédures, les audit de la Haute Autorité de santé,
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Irrigue beaucoup la presse professionnelle du secteur : Directeurs, union sociale, etc.
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Mise en place de Comités éthiques : peu dans les établissements et encore moins assez peu dans les associations.
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Mise neplace de ressources importantes pour aller dans le sens de l’Ethique. A ne pas sous estimer.
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Ethique pour les professionnels intervenants au domicile
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Réfléchir sur les situations de travail (vécues, usure, perte de sens)
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Confronter les dilemmes avec d’autres professionnels (décloisonner, groupe d’écoute, cahier de liaison)
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Réfléchir aux conflits de valeur
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Introduire et utiliser plus la notion du CARE
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Former, montée en compétences et diversifier les missions des métiers du care
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Les prises en compte dans la certification d’un Service à la personne. Un organisme doit :
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Avoir défini ses principes éthiques et les diffuser au travers de documents à des destinations des salariés et des clients.
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Informer et sensibiliser les salariés au respect des principes éthiques et à la prévention de la maltraitance .
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Former les salariés au respect des principes éthiques dans leurs pratiques professionnelles.
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Ces éléments sont vérifiés lors de l’audit de certification.
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Notre place en tant que Collectif : quelques pistes pour l’avenir
Approfondir notre réflexion :
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Café du Care : programmer un ou deux sujets par an sur l’Ethique, (ex : les mots du bien vieillir en 2025, L’éthique de fin de vie , YCM en décembre)
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Participer à un ou plusieurs comité d’éthique pour mettre en pratique notre vision et progresser dans les propositions en travail social : revenir sur notre expérience et s’engager avec Entraide.
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Se situer clairement dans le champ de l’action en direction des professionnels. D’autres associations et d’autres militances s’occupent du public, des citoyens, de la société.
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Introduire plus la question du handicap qui est une grande cause nationale
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Se confronter avec l’éthique de l’environnement : parce que celle-ci est extrèmement partagée et permet de faire progresser des valeurs qui se brouillent dès qu’on parle de l’humain : la vulnérabilité (nous ne sommes pas extérieurs à la vulnérabilité), le respect des écosystèmes (respect des communautés dans le SAP), le principe de responsabilité (à exercer soi-même quand l’autre n’est plus autonome). Et l’aspect intergénérationnel inversé qui permet d’explorer véritablement l’intergénérationnel.
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Commencer par nous-mêmes. Enrichir notre composition avec plus de travailleurs sociaux présents aux débats ouverts (attention nous nous parlons au nom de… ) et plus de femmes au sein du CETS qui mettent en œuvre cette éthique du Care à laquelle nous nous référons.
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Frédéric Brun